Intoxications des enfants par des produits ménagers en Suisse.

Importantes statistiques du centre d’information toxicologique suisse  (« Tox Zentrum ») portant sur 2007 avec 14’192 appels dont 80% concernent des enfants.

Les accidents par intoxication sont fréquents, particulièrement chez les enfants de 1 à 4 ans, mais heureusement le plus souvent peu graves et se résolvent sans complication (50% sans symptômes, 40% avec symptômes légers). Le problème est de déceler dans ce grand nombre d’accidents mineurs, ceux qui peuvent mettre en danger la vie de l’enfant et nécessitent une intervention immédiate (10%). Les auteurs insistent sur la spécificité pédiatrique, tant en ce qui concerne l’épidémiologie que la pharmacocinétique et la toxicité qui diffèrent de celles de l’adulte.

Les produits ménagers le plus souvent en cause sont les détergents, les alcools (éthanol, isopropylalcool), les hydrocarbures, les substances irritantes (décolorant, eau de Javel, détachant). Les détergents le plus souvent en cause sont les produits pour laver le linge et la vaisselle.

Les produits plus rares mais dangereux sont les alcools « toxiques » (méthanol, éthylène glycol = antigels), hydrocarbures (= huiles de lampe, allume feu, benzine) ainsi que les acides et les bases fortes. Les ingestions de piles « boutons » et les aimants posent également des problèmes qui doivent mener à consulter en urgence et souvent doivent être extraits.

Une distinction est à faire par classe d’âge : chez les enfants de moins de 4 ans, sont en cause les plantes (diffenbachia p.ex. dont la sève est un acide), puis les produits ménagers, les médicaments, et les cigarettes. Les ingestions sont accidentelles et les doses faibles. Chez les jeunes de 12 à 16 ans les absorptions sont en général volontaires, malveillantes ou à but suicidaire, donc à des doses nettement plus élevées et concernent des médicaments auxquels s’ajoutent des substances d’abus.

Cet article très complet, outre l’épidémiologie des accidents,  donne les premières mesures à prendre en cas d’ingestion de substance potentiellement toxique.

A lire absolument (mais en allemand).

Référence complète :
Pediatric poisoning, with special reference to household products.
Rauber-Lüthy C, Staubli G.
Ther Umsch 2009; 66(5): 373-8.
Origine: Schweizerisches Toxikologisches Informationszentrum, Zürich.

Mettre le doigt dans la bouche pour réanimer son enfant n’est pas sans danger

Dans les situations d’urgence les proches d’un enfant ont souvent le réflexe de débarrasser l’oropharynx avec le doigt pour en évacuer un éventuel corps étranger. Cette pratique n’est pas sans risque comme le rapporte cet article de médecine légale à propos de 3 cas de décès, tous chez des enfants de moins de 1 an. Les corps étrangers impliqués étaient une bille, un morceau de crayon et un pois chiche. Dans tous les cas, initialement les enfants criaient, donc n’avaient pas encore d’obstruction complète des voies respiratoires. L’introduction du doigt avait poussé le corps étranger trop bas dans les voies respiratoires pour pouvoir être ôté, entraînant le décès de l’enfant.

Référence complète :
Infants choking following blind finger sweep.
Abder-Rahman HA.
J Pediatr (SBP) 2009; 85(3) :273-275
Origine : Forensic Medicine and Pathology Department, Faculty of Medicine, University of Jordan, Amman, Jord

Lésions de la colonne cervicale et usage des trampolines chez l’enfant

Revue sur 11 ans (1995-2006) des 7 accidents de trampoline impliquant la colonne cervicale d’enfants dans l’Etat d’Alberta, Canada.

Ces lésions sont graves : 1/ décès et 4/7 ont des séquelles neurologiques persistantes.
Les lésions surviennent sur le trampoline (5/7) et en tombant à côté de celui-ci (2/7).
Mais plus remarquable est que tous les accidents sont survenus sur des trampolines domestiques, alors que dans le même temps il n’y a eu aucun accident de même type sur des trampolines de clubs ou d’écoles.
Les auteurs renforcent ainsi l’avis de la Société canadienne de Pédiatrie que les trampolines domestiques privés sont dangereux pour les enfants et devraient être interdits pour des activités de jeu.
Un autre article publié dans le British Medical Journal arrive aux mêmes conclusions : « Family Trampolines: How to avoid injury. » Bogacz A, Paterson B, Babber A, Menelaws S, Drew T. Br Med J BMJ 2009; 338: b2197.

Référence complète:
Children presenting to a Canadian hospital with trampoline-related cervical spine injuries.
Leonard H, Joffe AR.
Paediatr Child Health 2009; 14(2): 84-8.
Origine : Department of Pediatrics, Stollery Children’s Hospital and the University of Alberta,
Edmonton, Alberta, Canada

Sécurité en voiture

Encore un très bon article avec un petit quiz à la fin sur les conseils aux parents. Il consiste en une revue des différents systèmes de retenue et leur efficacité dans les collisions, étudie les emplacements des dispositifs de retenue dans le véhicule et traite du mauvais usage de ceux-ci.

Bien que l’article soit très complet, nous lui préférons celui d’origine canadienne de la Paediatrica Société Canadienne de Pédiatrie : « Le transport des nourrissons et des petits enfants dans les véhicules automobiles. » (Paediatr Child Health, 2008 ; 13(3) : 321-327). Outre le fait qu’il existe en français et en anglais, ce dernier fait référence à une législation plus proche de la notre, et utilise de meilleurs critères de choix de dispositifs de retenue. Ainsi l’article de Bruckner fait toujours référence au poids de l’enfant, plutôt qu’à la taille.

Par contre l’article mentionne (sommairement) le transport d’enfants avec besoins particuliers. Ainsi il est suggéré que les prématurés (moins de 37 sem) soient observés en milieu hospitalier avec une surveillance d’éventuelles apnées, bradycardies et désaturations lorsqu’il sont  placés dans leur siège, avant qu’ils ne soient autorisés à partir. Sont également sommairement décrits le transport d’enfant avec besoins spéciaux comme des troubles neurologiques et ceux des enfants obèses.

Référence complète:
Car Safety
Bruckner R, Rocker J.
Pediatr Rev 2009;30(12);463-469.

Risques liés aux chaussures à roulettes

Nous avons vu apparaître ces dernières années de nouvelles chaussures incorporant des roulettes dans le talon (AKA « wheeled sneakers », « skate shoes »). Les auteurs de cet article ont étudié cette nouvelle activité qui génère des lésions.

Elle utilise le recensement par le NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système nationale de surveillance informatique des accidents) de tous les cas recensés aux USA de janvier 2002 à décembre 2006 soit 3525 accidents d’enfants entre 5 et 14 ans nécessitant un traitement. Les auteurs observent une augmentation de la proportion de ces lésions au cours de la période étudiée. Les enfants concernés sont en majorité blancs avec une très légère prédominance de garçons. Les lésions sont par ordre décroissant des fractures (47%), des contusions (18%) et des entorses (17%). Sont touchés les avants-bras (38%) et les poignets (35%), puis les jambes (15%). On également été observés des plaies, quelques trauma crâniens, des lésions d’organes internes. Aucun décès n’est mentionné.

Commentaire O. Reinberg :
En résumé, cette pratique génère une traumatologie qui ne diffère guère de celle de rollers ou de « wheels-in-line ». Comme nous l’avions mentionné dans notre étude sur le sujet et 1996 et par analogie, nous ne pouvons que recommander aux parents d’enfants équipés de ces chaussures, de leur faire au moins porter des protections de poignets.

Référence complète:
Evaluating the injury incidence from skate shoes in the United States.
Ruth E, Shah B, Fales W.
Pediatr Emerg Care 2009; 25(5): 321-324.
Origine : Michigan State University Kalamazoo Center for Medical Studies, Kalamazoo, MI.

Pour l’interdiction des baby-walkers (youpalas)

Le Lancet reprend la littérature pour inciter les gouvernements à interdire les baby-walker (youpalas), à l’exemple du Canada. Malgré la loi canadienne promulguée en 2004, 21% des canadiens avaient encore un de ces engins chez eux en 2006. Il faut donc s’atteler dès maintenant à cette tâche, car les faire disparaître prend du temps.

Le Lancet rappelle leur inutilité, puisqu’ils n’apportent aucun bénéfice au développement de l’enfant, mais leur fait encourir des risques connus.

Référence complète:
Prevention of baby-walker-related injury.
Desapriya E, Scime G, Subzwari S, Pike I.
Lancet 2009; 373(9663): 545.
Origine : British Columbia Injury Research and Prevention Unit, Vancouver, BC Canada