Accidents d’enfants piétons liés à l’usage de téléphones, MP3, I-Pod et autres appareils

Les accidents liés à la distraction des conducteurs de véhicule par l’usage d’un téléphone portable ont déjà été amplement documentés. Des constatations identiques ont été faites sur le risque accidentel des enfants piétons distraits par des téléphones portables. Nous en avions déjà fait état dans cette rubrique « Lu pour vous » (Paediatrica 2008 ;20 (5)). Voici deux nouveaux articles sur ce sujet.

Le premier (Lichenstein  et al.) recense les accidents enfants et adultes survenus aux USA entre 2004 et 2011 en rapport avec l’usage d’un téléphone portable en utilisant le système de surveillance NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) pour rechercher les piétons victimes de collisions, alors qu’ils utilisaient leur téléphone portable. 55% des collisions sont produites par des trains avec en outre un signal sonore actif dans 29% des cas et 89% surviennent en zone urbaine. 116 décès sont survenus dans ces conditions. Dans 76% des cas le port d’écouteurs est clairement mentionné.

Le second (Schwebel et al.) est expérimental et concerne les téléphones, mais également le fait de taper du texte ou d’écouter de la musique. On demande à 138 collégiens de traverser une route virtuelle. Ils sont assignés par tirage au sort dans divers groupes: traverse en téléphonant, en tapant du texte ou en écoutant de la musique. Un groupe contrôle n’est pas distrait.

L’étude met en évidence le facteur de risque qui est lié à ces pratiques.

La littérature a démontré le risque accidentel lié à l’usage de téléphone portable en conduisant. Des législations en ont résulté pour limiter ces pratiques. Malheureusement il y a encore trop peu de sensibilisation au risque pourtant similaire que prennent les piétons, distraits par ces appareils modernes.

Suite à 3 décès survenus dans ces circonstances en 2011, la ville de Fort Lee, NJ, a pris la décision d’amender les piétons qui tapent des textes en marchant dans la rue ($ 85.-). L’infraction est appelée «jaywalking».

Reférences complètes:
Headphone use and pedestrian injury and death in the United States: 2004-2011.
Lichenstein R, Smith DC, Ambrose JL, Moody LA. Inj. Prev. 2012; ePub(ePub): ePub.
Affiliation: Department of Pediatrics, University of Maryland Hospital for Children, University of Maryland School of Medicine, Baltimore, Maryland, USA.
Distraction and pedestrian safety: How talking on the phone, texting, and listening to music impact crossing the street.
Schwebel DC, Stavrinos D, Byington KW, Davis T, O’Neal EE, de Jong D.
Accid Anal Prev 2012; 45(2): 266-271.
Affiliation: Department of Psychology, University of Alabama at Birmingham, Birmingham, AL, USA

Equipement des places de jeux: comparaison entre places publiques et privées

De grand progrès ont été faits dans l’aménagement des places de jeux, tant en ce qui concerne les équipements, que les surfaces des sols, que l’intégration des accessoires entre eux. Les connaissances acquises sont utilisées par de nombreux responsables des aménagements communaux. Cette étude originale compare les équipements de places de jeux publiques (parcs, écoles, lieux d’accueil de jour) et privées (« backyard of home ») et s’intéressent aux lésions qui s’y sont produites.

L’étude utilise un système de surveillance des accidents au Canada. Elle prend en compte des enfants de 3 à 11 ans victimes de chutes depuis un équipement de place de jeux soit 39’730 accidents. 84% d’entre eux sont survenus sur une place publique et 16% sur une place privée. Les chutes survenues à domicile avaient une probabilité plus élevée de sévérité et de fracture que celles survenues sur les places publiques. Par exemple dans la catégorie des 3 à 5 ans les chutes de toboggan ont un « odd ratio » de 1.7 pour la sévérité et de  1.47 pour les fractures.

En résumé il y a statistiquement nettement plus d’accidents sur les places de jeux publiques , mais la gravité des lésions survenues sur des places privées est plus élevée. Les auteurs insistent sur le fait que les parents devraient avoir une meilleure connaissance des critères de sécurité utilisés pour la conception des places de jeux, et en particulier des surfaces de sol.

Référence complète:
Playground equipment injuries at home versus those in public settings: differences in severity.
Keays G, Skinner R.
Inj Prev 2012; 18(2): 138-141
Affiliation: Department of Trauma, Montreal Children’s Hospital, Montreal, Quebec, Canada.

Commentaire O. Reinberg:
Dans le Canton de Vaud, sous l’égide de la regrettée Monique Skrivan (celle de Pedibus) existait une conférence qui se réunissait 2 à 3 fois par an, et à laquelle participaient ceux des responsables de parcs et promenades communaux qui s’y intéressaient, ainsi qu’un unique représentant d’une gérance immobilière ainsi que le délégué du BPA. De telles structures sont à encourager pour permettre à chacun de faire évaluer son projet d’implantation de place de jeux et signaler les éventuels problèmes constatés. En outre, les documents mis à disposition par le BPA sur la conception des places de jeux sont d’une grande utilité aussi bien pour les communes que pour les particuliers et les gérances.

Pronostic de survie chez les enfants brûlés

La surface corporelle de l’enfant rapportée au poids, est nettement plus importante que chez l’adulte. Il en résulte qu’à pourcent de surface brûlée égale, le pronostic de l’enfant est plus sévère que celui de l’adulte. Une surface brulée de 10% de surface corporelle (SC) chez un petit enfant est déjà une brûlure sévère. Du fait de l’évolution de la prise en charge des enfants brûlés, un article et son commentaire paraissent simultanément sur le même sujet dans le Lancet, pour réévaluer le pronostic des enfants brûlés.

Le premier (Kraft et al.) est une étude (subventionnée par leur institution) d’un collectif de 952 patients pédiatriques présentant des brûlures supérieures à 30%, traités entre 1998 et 2008. Ils déplorent 123 décès (13%) dans le groupe 30-39% SC, jusqu’à 55% (28/51) dans le groupe 90 à 100% SC (note OR: ce qui est remarquable). Une défaillance multi-organique est constatée dans 16% des enfants du groupe 30-39% SC jusqu’à 45% dans le groupe 90-100% SC. De même le taux de septicémie passe de 9 % à 26% dans les mêmes groupes. Il semble exister un seuil de mortalité-morbidité critique que les auteurs situent vers 60% SC.

Dans la réponse du second, les auteurs insistent sur le fait qu’outre les conclusions du premier article, il existe deux catégories très différentes d’enfants brûlés à savoir ceux avec ou sans brûlure par inhalation. La complexité de la prise en charge des enfants brûlés implique le recours à des centres spécialisés. Ils constatent également que le pronostic diffère pour des raisons économiques selon que l’on considère le traitement dans des pays favorisés ou ceux disposant de moins de ressources ou pourtant beaucoup de brûlures surviennent. Ce dernier auteur rappelle également qu’outre la survie, la qualité de vie post brûlure doit être prise en compte et qu’il existe des outils d’évaluation de celle-ci qui sont cités dans la bibliographie.

Références complètes:
Burn size and survival probability in paediatric patients in modern burn care: a prospective observational cohort study.
Kraft R, Herndon DN, Al-Mousawi AM, Williams FN, Finnerty CC, Jeschke MG.
Lancet 2012; 379(9820): 1013-1021.
Affiliation: Shriners Hospitals for Children, University of Texas Medical Branch, Galveston, TX, USA; Department of Surgery, University of Texas Medical Branch, Galveston, TX, USA.

Survival of children with burn injuries.
Tompkins RG.
Lancet 2012; 379(9820): 983-984.
Affiliation: Massachusetts General Hospital/Harvard Medical School, Boston, MA, USA.

Bombes aérosols: attention aux yeux des enfants !

Les auteurs de cet article s’appuient sur une vaste banque de données (National Electronic Injury Surveillance System) pour mettre en garde sur les dangers liés aux bombes aérosols chez les enfants de 0 à 18 ans. Sur 41’869 consultations aux urgences pour lésions liées à une bombe aérosol au cours de la période d’étude de 12 ans (1997-2009), 10’765 (26 %) impliquaient l’œil, soit 26%. Des enfants étaient concernés dans la moitié des cas (55%), dont 26% en dessous de 4 ans. Les auteurs pensent que le nombre de lésions documentées est très probablement sous estimé.

La plupart des traumatismes surviennent à domicile (71%). Les bombes de peintures sont le plus souvent en cause (19%), suivies respectivement par les aérosols pour produits cosmétiques ou de toilette, les nettoyants domestiques, les insecticides. Le plus souvent l’accident survient lorsque la bombe est tournée vers la victime.

Il en résulte des conjonctivites chimiques (36%), des brûlures chimiques (30%), des érosions ou des lésions de type corps étranger oculaire (16%).

Les auteurs insistent sur le danger méconnu que représentent ces bombes à gaz propulseur et sur la nécessité de les mettre hors de portée des enfants. Nous ajoutons que dans un souci de prévention mais également écologique, elles devraient être autant que possible remplacées par des propulseurs à pompe et non à gaz.

Référence complète :
CJ Seidman, JG Linakis, MJ Mello, PB Greenberg
Aerosol container-related eye injuries in the United States : 1997-2009.
Am J Ophthalmol 2011; 151(6):1041-1046
Affiliation: Ophtalmology, Rhode Island Hospital, Providence, RI, USA

Les chiens ne causent pas que des morsures aux enfants

Chaque année environ 4.7 millions d’enfants sont mordus par des chiens aux USA. Beaucoup a été dit, étudié et écrit sur les morsures. Mais les autres lésions résultant de la relation enfant-chien n’ont jamais été étudiées.

Les auteurs ont analysé toutes les admissions dans leur centre d’urgences en rapport avec ces lésions. Les admissions en rapport avec des chiens représentaient 2% des urgences traumatiques, soit 191 enfants de 0 à 20 ans entre 2001 et 2007. Parmi elles 18% différaient des morsures. La majorité (76%) résultait d’un contact direct avec le chien. Dans 12 % des cas, l’enfant est tombé avec l’adulte qui le portait du fait d’un chien, soit qui les avait poussés, soit qui était passé dans les jambes. Des collisions chiens-véhicules divers (vélo, trottinette,..) comptaient également pour 12% des circonstances d’accidents. Les lésions les plus souvent constatées étaient des contusions ou des traumas crâniens, suivi des fractures des extrémités, le fémur étant le plus souvent touché.

Les auteurs concluent que ce vaste groupe de lésions ne devrait plus être ignoré dans l’analyse et la prévention des accidents liés aux chiens.

Référence complète:
« Non-bite dog-related » injuries: an overlooked injury mechanism in the pediatric population.
Juang D, Sippey M, Zuckerbraun N, Rutkoski JD, Gaines BA.

J Trauma 2011; 71(5 Suppl 2): S531-S533.
Affiliation: From the Department of Surgery, Children’s Mercy Hospital, Kansas City, Missouri; Department of Surgery (M.S., J.D.R., B.A.G.), and Department of Emergency Medicine (N.Z.), Children’s Hospital of Pittsburgh of UPMC, Pittsburgh, Pennsylvania.

Lésions des jambes dans les rayons de vélo

Ces lésions qui ne sont pas toujours bénignes sont bien connues des centres d’urgences pédiatriques, mais je m’étonnais de ce que très peu ait été écrit sur ce sujet. Voici deux articles récents sur le sujet.

Le premier rapporte les cas de 3 enfants de 4 à 6 ans, tous passagers arrière d’un vélo, qui se sont fait prendre les jambes par les rayons en rotation. Seul le plus jeune était dans un siège pour enfant avec des gouttières. Tous trois présentaient des fractures du tibia, l’une d’elles nécessitant une ostéosynthèse.

A propos de ces 3 cas sévères, les auteurs rapportent que environ 4500 enfants se présentent annuellement dans les centres d’urgences des Pays-Bas (pays du vélo !) pour des lésions résultant du contact d’un enfant passager avec la roue arrière d’un vélo. Ils insistent sur l’usage de sièges de vélo pour enfants qui protègent les jambes des rayons en mouvement.

Le second rapporte une série Indienne de 41 enfants de 4 à 12 ans avec de telles lésions, dont 7 survenues sur la roue avant, les 34 autres en contact avec la roue arrière. Il en est résulté 8 fractures, mais surtout de nombreux délabrements cutanés, plusieurs exposant les tendons d’Achille ou les articulations. Cinq de ces lambeaux cutanés arrachés ont nécrosé.

Les auteurs insistent sur le fait que la gravité de ces lésions est très souvent sous-estimée, car elles apparaissent initialement plus bénignes qu’elles ne le sont en réalité. Il est recommandé de les réévaluer systématiquement à 48 heures. La prévention est bien entendu l’usage de sièges de vélo pour enfants, mais également le port de chaussures appropriées.

Références complètes:
Bicycle spoke-related injuries in children: Emphasise prevention.
Kramer WL, Haaring GJ.
Ned Tijdschr Geneeskd 2011; 155(30-31): A3736.
Affiliation: Universitair Medisch Centrum – Wilhelmina Kinderziekenhuis, afd. Kinderchirurgie, Utrecht.

Agarwal APruthi M.
Bicycle-spoke injuries of the foot in children.
J Orthop Surg (Hong Kong).
 2010 Dec; 18(3): 338-41.
Affiliation: Department of Orthopaedics, Chacha Nehru Bal Chikitsalaya, Delhi, India.