Explosion de feu d’artifice

Il s’agit d’un cas rapporté. Bien que rare,  il mérite d’être mentionné dans cette rubrique.
Une fillette de 10 ans a souffert d’un très grave traumatisme résultant de l’explosion de feux d’artifice à son domicile. Il vaut la peine d’aller voir les photos de la pièce dans l’article original. Il en est résulté des plaies multiples, des amputations de doigts aux deux mains, des brulures étendues, un TCC avec score de Glagow à 3 et un très sévère traumatisme thoracique par déflagration (blast injury). La patiente a survécu sans séquelle neurologique, mais avec de multiples cicatrices.
L’accident est survenu à domicile, lorsque l’enfant extrayait la poudre explosive de feu d’artifice dans un bol pour en confectionner de plus puissants.
Nous connaissons malheureusement trop bien ce type de graves traumatismes et y avons déjà été confrontés: les enfants achètent des feux d’artifice « inoffensifs » et tentent d’en confectionner eux même de plus puissants au su ou à l’insu de leurs parents. Une variante locale vaudoise consiste à « augmenter » la puissance des feux avec la poudre des fusées de vigne. Le résultat est terrible.
Les feux d’artifice sont des objets dangereux. Il est irresponsable de laisser les enfants ou les adolescents les manipuler de façon inappropriée ou les modifier.

REFERENCE COMPLETE:
Pediatric blast lung injury from a fireworks-related explosion.
Ratto JJohnson BKCondra CSKnapp JF.
Pediatr Emerg Care. 2012 Jun;28(6):573-6. doi: 10.1097/PEC.0b013e318258af60.
Affiliation  Department of Graduate Medical Education, Children’s Mercy Hospitals and Clinics, Kansas City, MO, USA.

Épidémiologie des accidents de danse

Cette étude recense les accidents survenus lors de la pratique de la danse aux USA tels qu’enregistrés dans la base la base de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) entre 1991 et 2007. Elle porte sur 113’084 enfants de 3 à 19 ans ayant consulté une structure médicale des suites d’un accident survenu lors d’exercices ou de spectacles de danse.
La danse classique (ballet, jazz, claquettes, hip-hop) représente la moitié des accidents (55%). La cohorte des 15-19 ans constitue à eux seuls 40% des accidents. La majorité des lésions concernent les membres inférieurs (58%) et sont constituées d’entorses (52%) ou de fractures (14%). Le mécanisme le plus souvent impliquée est une chute (45%).
Les auteurs concluent que la danse a une épidémiologie particulière, différente des autres activités sportives. Ils suggèrent de poursuivre de telles études en distinguant les différentes pratiques de danse et les classes d’âge, pour déterminer des stratégies de prévention spécifiques.

Note O. Reinberg :
Nous nous associons pleinement aux suggestions des auteurs. Nous avions montré dans une étude réalisée avec L. Vittoz pour l’ISSEP (Institut des Sciences du Sport et de l’Education Physique, Université de Lausanne) en 2001, sur des élèves de 9 à 14 ans dans des classes vaudoises, qu’il existe une grande variété de tailles et de stades pubertaires parmi les élèves d’une même classe [Vittoz, 2001]. Cette variabilité n’influence que peu les jeux d’adresse (lancer franc de ballon), par contre elle désavantage les filles pour les exercices nécessitant de la force musculaire, puisqu’en période pubertaire celles-ci augmentent plus rapidement leur masse graisseuse que les garçons qui augmentent principalement leur masse musculaire. Le problème est encore plus complexe pour les exercices nécessitant une bonne coordination (saut au mini-trampoline). Pour réaliser un tel exercice, il faut maîtriser son schéma corporel et connaître son centre de gravité. Ceci nécessite un apprentissage. Or l’enfant est en permanente transformation de son schéma corporel, en particulier en période de forte croissance. Il est très vraisemblable qu’il en soit de même pour la danse en particulier dans la période critique péripubertaire. Cela mériterait d’être étudié.

REFERENCE COMPLETE:
Dance-Related Injuries in Children and Adolescents Treated in US Emergency Departments in 1991-2007.
Roberts KJ, Nelson NG, McKenzie L.
J Phys Act Health. 2013 Feb;10(2):143-50.
Affiliation : Center for Injury Research and Policy, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus, OH. USA.

Complications à long terme des brûlures de l’enfant

Vous avez un patient brûlé. Que lui dire de ce que va être son traitement et sa durée : cet article peut vous y aider.

Le suivi à long terme des brûlures de l’enfant vise à prévenir les complications, mais veut également éviter des consultations inutiles. Le but de cet article est de décrire les critères qui peuvent amener à devoir réintervenir sur des cicatrices de brûlures. Pour cela les auteurs ont revu à long terme les brulures survenues entre 1995 et 1998 avec un suivi moyen de 13.6 ans.

L’âge moyen était de 5 ans, les surfaces brulés allaient de 1 à 70%, 94% avaient été greffé. 18% ont développé des contractures et 33% des cicatrices hypertrophiques. Celles-ci apparaissent précocement : 1 à 13 mois pour les contractures et 1 à 17 mois pour les cicatrices hypertrophiques. Plus les enfants sont petits plus elles sont fréquentes. Toutes les brûlures axillaires ont développé des contractures et 75% des toutes les contractures concernent le membre supérieur.

La conclusion est que les petits enfants avec une grande surface brûlée sont les plus à risque de contractures et de cicatrices hypertrophiques, surtout si elles sont survenues au membre supérieur. Un suivi de 18 mois est nécessaire, après quoi si rien ne s’est passé dans ce délai, le risque de complication devient faible et le suivi n’est plus nécessaire.

REFERENCES COMPLETES
Following up the follow up-Long-term complications in paediatric burns
Kidd LR, Nguyen DQ, Lyons SC, Dickson WA.
Burns. 2013 Feb;39(1):55-60.
Affiliation : Welsh Centre for Burns and Plastic Surgery, Morriston Hospital, United Kingdom.

 

Les noyades estivales : Un fléau aux USA

Les noyades sont une cause fréquente de décès dans le monde entier et concernent particulièrement les petits enfants. Une première étude en 2001 constatait que les noyades représentaient 3300 décès et 5600 traitements en urgences, soit la première cause de décès aux USA entre 1 et 4 ans. C’est pourquoi une étude a été réalisée entre 2005 et 2009, utilisant la base de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents).

Chaque année de l’étude, 3880 décès en moyenne ont résulté de noyades dans des structures aquatiques récréatives et ont motivé 5789 consultations d’urgences pour ceux qui ne sont pas décédés. La population très majoritairement concernée est celle des enfants de moins de 4 ans (53%), un peu moins entre 5 et 15 ans (17.5%). Le risque est 116 fois plus élevé que pour la population plus âgée. Les garçons sont nettement surreprésentés avec un risque 4 fois plus élevé que les filles. La majorité des noyades survient en piscine, mais la probabilité de décès est plus élevée lors de noyade en eau libre (51%). 22% des enfants noyés de plus de 15 ans sont sous l’emprise de l’alcool. Il existe une rythmicité des accidents avec des pics les week-ends et entre juin et août.

La prévention de ces accidents passe par l’information aux parents et par l’apprentissage systématique des mesures de réanimation. Les auteurs insistent sur les mesures additionnelles suivantes qui ont fait la preuve de leur efficacité :

  1. Clôturage des piscines par des barrières et couverture par des bâches.
  2. Pas de consommation d’alcool lors de baignades, de navigation, de ski nautique, y compris pour les personnes qui surveillent les enfants.
  3. Port obligatoire des gilets de sauvetage pour toutes les activités nautiques.
  4. Tous les surveillants d’enfants (parents, professionnels) devraient avoir suivi un cours de réanimation.

Note O. Reinberg :
Cet article vient des USA, où la prévention des accidents de la voie publique a été depuis longtemps prise en compte. C’est pourquoi les noyades sont la première cause de décès chez les petits enfants aux USA. Dans l’imposant rapport de l’OMS de 2009 sur la prévention des accidents d’enfants, elles figurent au deuxième rang mondial des causes d’accidents après les accidents de la voie publique. Les 4 mesures démontrées comme efficaces sont celles mentionnées dans le présent article.

A ceux qui veulent aller plus loin dans la connaissance des facteurs de risques et des stratégies de prévention, nous conseillons de visiter les sites (en anglais) :

http://www.cdc.gov/homeandrecreationalsafety/water-safety/index.html
http://www.cdc.gov/safechild.

REFERENCE COMPLETE:
Drowning – United States, 2005-2009
Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
MMWR Morb. Mortal. Wkly. Rep. 2012; 61(19): 344-347.

Ingestions de gants en vinyle

Les gants en vinyle sont devenus d’usage familial courant et les enfants jouent avec. Ils ne sont pourtant pas sans danger. Une fois ingérés ils durcissent et présentent des arêtes aiguës. Dans l’estomac ils forment des bézoards, passé le pylore ils obstruent l’intestin et parfois le perforent.
Cet article rapporte 4 cas (!) de tels accidents: un enfant de 3 ans, une fillette de 13 ans avec un syndrome de Down qui a récidivé à 17 ans sous forme de bézoard, une jeune fille de 14 ans, et un adolescent de 15 ans. Trois d’entre eux avaient un retard mental (dont le Down) et dans un cas il s’agissait de maltraitance. Quoiqu’il en soit, tous ont eu un traitement chirurgical (laparoscopie ou laparotomie) pour occlusion dont 2 avec perforation. Les proches ignoraient l’ingestion de gant en vinyle.

On peut tirer de cette expérience plusieurs conclusions utiles:
Les ingestions de gants en vinyle sont dangereuses et ils ne doivent pas être laissés à portée des enfants.
Du fait de leur comportement physique, ces gants ingérés doivent être retirés tant qu’ils sont accessibles dans l’estomac, soit dès que l’on a connaissance de leur présence.
S’ils ont passé le pylore, les patients doivent être surveillés en raison du risque de perforation. Une question se pose: faut-il aller les enlever chirurgicalement à titre préventif dans de bonnes conditions avant qu’une perforation survienne ?

Référence:
Vinyl glove ingestion in children: a word of caution.
Stringel G, Parker M, McCoy E.
J Pediatr Surg 2012;47(5):996-998.

Affiliation: Divison of Pediatric Surgery, Department of Surgery, Maria Fareri Children’s Hospital, New York Medical College, Valhalla, NY

Toujours les piles-boutons: étude nationale US!

Ce travail utilise la banque de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) pour étudier les accidents d’enfants de moins de 18 ans survenus aux USA entre 1990 et 2009 en rapport avec des piles-boutons: ingestion, insertion nasale et conduit auditif externe.
Cela concerne 66’788 enfants, soit 3289 cas par an, nécessitant une prise en charge médicale. L’âge moyen est 3.9 ans et concerne 60.2 % de garçons. Les auteurs observent un accroissement du problème au cours des 20 années étudiées, particulièrement marqué durant les 8 dernières années.
Les ingestions sont de loin les plus fréquentes (76.6%), suivies par les insertions nasales (10.2%) ou auriculaires (5.7%). La grande majorité n’a pas eu de grave conséquence (91%).
Les auteurs insistent sur les mises en gardes et l’information aux parents.

Commentaire O. Reinberg:
Même si 90% des accidents liés aux piles sont mineurs, les 10% restant posent problème. Il est bon de rappeler le danger des piles ingérées dont les effets ne sont pas seulement dus aux lésions de décubitus liées à la présence d’un corps étranger, mais aussi à la nature des piles-boutons et des courants qu’elles génèrent. Les piles-boutons doivent être rapidement extraites, en particulier celles qui sont œsophagiennes. En complément, voici encore le cas d’un enfant de 3 ans, ayant présenté une perforation oesophagienne sévère rapidement après l’ingestion d’une pile-bouton. (A 20 mm lithium button battery causing an oesophageal perforation in a toddler: lessons in diagnosis and treatment. Soccorso G, Grossman O, Martinelli M, Marven SS, Patel K, Thomson M, Roberts JP. Arch Dis Child 2012 ; 97(8):746-7.

Référence:
Pediatric Battery-Related Emergency Department Visits in the United States, 1990-2009.
Sharpe SJ, Rochette LM, Smith GA.
Pediatrics 2012; 129(6):1111-7.
Affiliation: Center for Injury Research and Policy, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus, Ohio.