Sièges d’enfants et « ramassage » d’enfants (carpooling)

Les auteurs de cette étude se sont intéressés à ce qui pourrait sembler un détail mais est un réel problème de société. De nombreuses familles « ramassent » les enfants des voisins pour aller à l’école ou en loisirs (carpooling). Qu’en est-il de la sécurité des enfants en voiture dans ces circonstances ?
Ils ont procédé par enquête auprès de 1612 parents d’enfants de 4 à 8 ans.
Dans leur propre véhicule, les parents installent leurs enfants dans des sièges de sécurité dans 76% des cas. A défaut ils utilisent un booster avec la ceinture de sécurité dans 74% des cas. Ils reconnaissent le faire d’autant plus souvent que l’enfant est plus jeune et/ou que la législation de l’état est sévère en cas de non utilisation du booster.
Lorsqu’ils transportent les enfants des autres, 55% placent leurs propres enfants dans le dispositif de sécurité en priorité, mais par contre 79% d’entre-eux demanderaient systématiquement au conducteur de mettre leur propre enfant dans le dispositif de sécurité même si il n’y en a pas assez pour tout le monde.

Cet article met en évidence un problème jusqu’à présent négligé: comment gérer le transport des enfants des autres. Il en ressort que ces pratiques de plus en plus répandues créent une situation d’enfants sans dispositif de sécurité approprié lors de trajets en voiture.

Note O. Reinberg: Pourtant cet article vient d’un pays le système Latch (Isofix en Europe) est une norme. Ce système de fixation très sécuritaire, permet d’échanger aisément un siège d’enfant d’un véhicule à l’autre. Tous les véhicules nord américains en sont équipés alors qu’il est encore trop souvent en option en Europe. Pour exemple 100 % des différents modèles de sièges vendus par les 2 plus grandes marques aux USA et au Canada étaient Latch (Isofix), tandis que pour les mêmes marques en Suisse seuls respectivement 30% et 16% des modèles l’étaient (2011).

Le problème est donc certainement plus grave encore en Europe, mais n’a jamais encore été évalué.

Référence complète:
Carpooling and Booster Seats: A National Survey of Parents.

Macy ML, Clark SJ, Freed GL, Butchart AT, Singer DC, Sasson C, Meurer WJ, Davis MM.
Pediatrics
2012; 129:290-298
Affiliation: Department of Pediatrics, Department of Emergency Medicine, University of Michigan, Ann Arbor, MI, USA

Accidents d’enfants piétons liés à l’usage de téléphones, MP3, I-Pod et autres appareils

Les accidents liés à la distraction des conducteurs de véhicule par l’usage d’un téléphone portable ont déjà été amplement documentés. Des constatations identiques ont été faites sur le risque accidentel des enfants piétons distraits par des téléphones portables. Nous en avions déjà fait état dans cette rubrique « Lu pour vous » (Paediatrica 2008 ;20 (5)). Voici deux nouveaux articles sur ce sujet.

Le premier (Lichenstein  et al.) recense les accidents enfants et adultes survenus aux USA entre 2004 et 2011 en rapport avec l’usage d’un téléphone portable en utilisant le système de surveillance NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) pour rechercher les piétons victimes de collisions, alors qu’ils utilisaient leur téléphone portable. 55% des collisions sont produites par des trains avec en outre un signal sonore actif dans 29% des cas et 89% surviennent en zone urbaine. 116 décès sont survenus dans ces conditions. Dans 76% des cas le port d’écouteurs est clairement mentionné.

Le second (Schwebel et al.) est expérimental et concerne les téléphones, mais également le fait de taper du texte ou d’écouter de la musique. On demande à 138 collégiens de traverser une route virtuelle. Ils sont assignés par tirage au sort dans divers groupes: traverse en téléphonant, en tapant du texte ou en écoutant de la musique. Un groupe contrôle n’est pas distrait.

L’étude met en évidence le facteur de risque qui est lié à ces pratiques.

La littérature a démontré le risque accidentel lié à l’usage de téléphone portable en conduisant. Des législations en ont résulté pour limiter ces pratiques. Malheureusement il y a encore trop peu de sensibilisation au risque pourtant similaire que prennent les piétons, distraits par ces appareils modernes.

Suite à 3 décès survenus dans ces circonstances en 2011, la ville de Fort Lee, NJ, a pris la décision d’amender les piétons qui tapent des textes en marchant dans la rue ($ 85.-). L’infraction est appelée «jaywalking».

Reférences complètes:
Headphone use and pedestrian injury and death in the United States: 2004-2011.
Lichenstein R, Smith DC, Ambrose JL, Moody LA. Inj. Prev. 2012; ePub(ePub): ePub.
Affiliation: Department of Pediatrics, University of Maryland Hospital for Children, University of Maryland School of Medicine, Baltimore, Maryland, USA.
Distraction and pedestrian safety: How talking on the phone, texting, and listening to music impact crossing the street.
Schwebel DC, Stavrinos D, Byington KW, Davis T, O’Neal EE, de Jong D.
Accid Anal Prev 2012; 45(2): 266-271.
Affiliation: Department of Psychology, University of Alabama at Birmingham, Birmingham, AL, USA

Equipement des places de jeux: comparaison entre places publiques et privées

De grand progrès ont été faits dans l’aménagement des places de jeux, tant en ce qui concerne les équipements, que les surfaces des sols, que l’intégration des accessoires entre eux. Les connaissances acquises sont utilisées par de nombreux responsables des aménagements communaux. Cette étude originale compare les équipements de places de jeux publiques (parcs, écoles, lieux d’accueil de jour) et privées (« backyard of home ») et s’intéressent aux lésions qui s’y sont produites.

L’étude utilise un système de surveillance des accidents au Canada. Elle prend en compte des enfants de 3 à 11 ans victimes de chutes depuis un équipement de place de jeux soit 39’730 accidents. 84% d’entre eux sont survenus sur une place publique et 16% sur une place privée. Les chutes survenues à domicile avaient une probabilité plus élevée de sévérité et de fracture que celles survenues sur les places publiques. Par exemple dans la catégorie des 3 à 5 ans les chutes de toboggan ont un « odd ratio » de 1.7 pour la sévérité et de  1.47 pour les fractures.

En résumé il y a statistiquement nettement plus d’accidents sur les places de jeux publiques , mais la gravité des lésions survenues sur des places privées est plus élevée. Les auteurs insistent sur le fait que les parents devraient avoir une meilleure connaissance des critères de sécurité utilisés pour la conception des places de jeux, et en particulier des surfaces de sol.

Référence complète:
Playground equipment injuries at home versus those in public settings: differences in severity.
Keays G, Skinner R.
Inj Prev 2012; 18(2): 138-141
Affiliation: Department of Trauma, Montreal Children’s Hospital, Montreal, Quebec, Canada.

Commentaire O. Reinberg:
Dans le Canton de Vaud, sous l’égide de la regrettée Monique Skrivan (celle de Pedibus) existait une conférence qui se réunissait 2 à 3 fois par an, et à laquelle participaient ceux des responsables de parcs et promenades communaux qui s’y intéressaient, ainsi qu’un unique représentant d’une gérance immobilière ainsi que le délégué du BPA. De telles structures sont à encourager pour permettre à chacun de faire évaluer son projet d’implantation de place de jeux et signaler les éventuels problèmes constatés. En outre, les documents mis à disposition par le BPA sur la conception des places de jeux sont d’une grande utilité aussi bien pour les communes que pour les particuliers et les gérances.

Lésions oculaires chez les enfants

Cette étude investigue rétrospectivement les lésions oculaires survenues chez des enfants de moins de 18 ans entre 1990 et 2009. Elle s’appuie sur le système de surveillance NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) et analyse environ 1,5 million de traumatismes oculaires soit une moyenne d’environ 70’300 par an ! Toutefois au cours de l’étude, le nombre annuel a diminué progressivement.

Les petits enfants de moins de 4 ans sont très concernés puisqu’ils représentent 32% du collectif. Les lésions résultent des activités de sport et de loisir (24%) et de contact avec des produits chimiques (17%). La majorité des lésions oculaires (69%) surviennent à domicile.

Les auteurs insistent sur le peu de conscience qu’il y a de survenue de lésions oculaires chez les enfants. Ils souhaitent que les pédiatres s’impliquent pour éduquer les parents et les éducateurs de l’enfance à mieux protéger les yeux des enfants.

Référence complète:
Pediatric Eye Injuries Treated in US Emergency Departments, 1990-2009.
Pollard KA, Xiang H, Smith GA.
Clin Pediatr (Phila) 2012; 51(4): 374-381
Affiliation: Center for Injury Research and Policy, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus; The Ohio State University, USA

Des casques pour skier: utilisation, tendances et attitudes

Cet article provenant d’Australie nous intéresse car les réponses qu’il apporte nous concernent.

Les auteurs rappellent que le port du casque dans les sports de glisse (ski, snowboard) réduit de façon incontestable le nombre des traumas crâniens de 16 à 30% selon les études. L’US Consumer Product Safety Commission est arrivé à la conclusion que 44% des lésions crâniennes adultes et 53% des pédiatriques survenues à ski auraient pu être évitées. Alors porte-t-on le casque, si oui pourquoi et si non avec quels arguments ?

En Australie, 16% des adultes et 67 % des enfants portent un casque lors de sports de glisse. Entre 2003 et 2008 l’augmentation du port du casque a été particulièrement importante. Quand l’habitude de port du casque est prise il est porté régulièrement (86% de port régulier sans différence dans les groupes). Entre 2003 et 2008 l’accroissement le plus spectaculaire du port du casque concerne les enfants. Les enfants, les hommes et les snowboarders sont nettement plus enclins à porter un casque que les autres groupes étudiés.

La probabilité de porter un casque est 2.3 fois plus élevée chez un enfant que chez un adulte, 1.7 fois plus élevée chez un homme que chez une femme, et 1,5 fois plus élevé chez un   que chez un skieur. Les facteurs incitatifs au port du casque sont l’expérience, un antécédent d’accident, les écoles de ski et les locations de matériel. Les modèles les plus appréciés sont les casques freestyle chez les enfants et les modèles standards adultes chez ces derniers.

Parmi les raisons données par les enfants pour porter un casque on relève par ordre décroissant (ces raisons diffèrent de celles des adultes): mes parents m’y obligent, je ne veux pas qu’il m’arrive quelque chose, le casque me tient la tête au chaud, il tient mieux mes grosses lunettes, mes copains en portent. A l’inverse, parmi les raisons de ne pas en porter on note (ces raisons diffèrent de celles des adultes): le casque n’est pas obligatoire, ce n’est pas confortable, je ne vais que sur des pistes faciles pour débutants, je n’aime pas le look des casques, je skie bien et ne risque pas pour ma tête, personne dans ma famille/copains n’en porte.

Les auteurs comparent leurs résultats à ceux antérieurs publiés dans l’hémisphère nord et ne constatent pas de grandes différences. Les auteurs rappellent que les arguments des détracteurs du port du casque dans les sports de glisse (diminution de l’audition et du champ de vision, augmentation des comportements à risque liée à la plus grande sensation de sécurité, lésions potentielles de la colonne cervicale des enfants) ont été largement récusés par au moins  6 article récents bien conduits.

Ils mettent en évidence les mesures fortement incitatives comme l’exemple donné par les instructeurs et les patrouilleurs en portant le casque dans les écoles de ski. Ils posent la question politique de savoir si le port du caque doit être rendu obligatoire(pour mémoire, l’Australie a été un pays pionnier dans le port obligatoire du casque a vélo).

Référence complète:
Cundy TP, Systermans BJ, Cundy WJ, Cundy PJ, Briggs NE, Robinson JB
Helmets for snow sports: prevalence, trends, predictors and attitudes to use.
J Trauma 2010; 69(6): 1486-1490
Affiliation: University of Adelaide, South Australia

Revue systématique des accidents de Hockey sur glace chez les jeunes

Cet article essaye de déterminer sur la base d’une importante méta-analyse, s’il est possible d’identifier des facteurs de risques spécifiques à la pratique du hockey sur glace chez les enfants et les adolescents. Etant donné qu’il s’agit d’un sport fréquemment pratiqué en Suisse les résultats nous ont intéressés.

Aucun des paramètres étudiés (âge, niveau d’expérience, position de jeu) constitue un risque particulier sauf le body checking qui est clairement lié à un risque accidentel augmenté.

Les auteurs recommandent des directives visant à interdire sa pratique dans les entraînements et les compétitions juniors.

Reférence complète :
Risk factors for injury and severe injury in youth ice hockey: a systematic review of the literature.
Emery CA, Hagel B, Decloe M, Carly M.
Inj. Prev. 2010; 16(2): 113-8.
Affiliation: University of Calgary, Canada.