Les chiens ne causent pas que des morsures aux enfants

Chaque année environ 4.7 millions d’enfants sont mordus par des chiens aux USA. Beaucoup a été dit, étudié et écrit sur les morsures. Mais les autres lésions résultant de la relation enfant-chien n’ont jamais été étudiées.

Les auteurs ont analysé toutes les admissions dans leur centre d’urgences en rapport avec ces lésions. Les admissions en rapport avec des chiens représentaient 2% des urgences traumatiques, soit 191 enfants de 0 à 20 ans entre 2001 et 2007. Parmi elles 18% différaient des morsures. La majorité (76%) résultait d’un contact direct avec le chien. Dans 12 % des cas, l’enfant est tombé avec l’adulte qui le portait du fait d’un chien, soit qui les avait poussés, soit qui était passé dans les jambes. Des collisions chiens-véhicules divers (vélo, trottinette,..) comptaient également pour 12% des circonstances d’accidents. Les lésions les plus souvent constatées étaient des contusions ou des traumas crâniens, suivi des fractures des extrémités, le fémur étant le plus souvent touché.

Les auteurs concluent que ce vaste groupe de lésions ne devrait plus être ignoré dans l’analyse et la prévention des accidents liés aux chiens.

Référence complète:
« Non-bite dog-related » injuries: an overlooked injury mechanism in the pediatric population.
Juang D, Sippey M, Zuckerbraun N, Rutkoski JD, Gaines BA.

J Trauma 2011; 71(5 Suppl 2): S531-S533.
Affiliation: From the Department of Surgery, Children’s Mercy Hospital, Kansas City, Missouri; Department of Surgery (M.S., J.D.R., B.A.G.), and Department of Emergency Medicine (N.Z.), Children’s Hospital of Pittsburgh of UPMC, Pittsburgh, Pennsylvania.

Lésions des jambes dans les rayons de vélo

Ces lésions qui ne sont pas toujours bénignes sont bien connues des centres d’urgences pédiatriques, mais je m’étonnais de ce que très peu ait été écrit sur ce sujet. Voici deux articles récents sur le sujet.

Le premier rapporte les cas de 3 enfants de 4 à 6 ans, tous passagers arrière d’un vélo, qui se sont fait prendre les jambes par les rayons en rotation. Seul le plus jeune était dans un siège pour enfant avec des gouttières. Tous trois présentaient des fractures du tibia, l’une d’elles nécessitant une ostéosynthèse.

A propos de ces 3 cas sévères, les auteurs rapportent que environ 4500 enfants se présentent annuellement dans les centres d’urgences des Pays-Bas (pays du vélo !) pour des lésions résultant du contact d’un enfant passager avec la roue arrière d’un vélo. Ils insistent sur l’usage de sièges de vélo pour enfants qui protègent les jambes des rayons en mouvement.

Le second rapporte une série Indienne de 41 enfants de 4 à 12 ans avec de telles lésions, dont 7 survenues sur la roue avant, les 34 autres en contact avec la roue arrière. Il en est résulté 8 fractures, mais surtout de nombreux délabrements cutanés, plusieurs exposant les tendons d’Achille ou les articulations. Cinq de ces lambeaux cutanés arrachés ont nécrosé.

Les auteurs insistent sur le fait que la gravité de ces lésions est très souvent sous-estimée, car elles apparaissent initialement plus bénignes qu’elles ne le sont en réalité. Il est recommandé de les réévaluer systématiquement à 48 heures. La prévention est bien entendu l’usage de sièges de vélo pour enfants, mais également le port de chaussures appropriées.

Références complètes:
Bicycle spoke-related injuries in children: Emphasise prevention.
Kramer WL, Haaring GJ.
Ned Tijdschr Geneeskd 2011; 155(30-31): A3736.
Affiliation: Universitair Medisch Centrum – Wilhelmina Kinderziekenhuis, afd. Kinderchirurgie, Utrecht.

Agarwal APruthi M.
Bicycle-spoke injuries of the foot in children.
J Orthop Surg (Hong Kong).
 2010 Dec; 18(3): 338-41.
Affiliation: Department of Orthopaedics, Chacha Nehru Bal Chikitsalaya, Delhi, India.

Risques liés aux ingestions de piles-boutons

Les auteurs du premier article rapportent le cas d’un enfant de 3 mois qui avait avalé une pile-bouton que sa sœur lui avait mise dans la bouche et forcé à avaler 2 jours auparavant, à l’insu de leurs parents. La pile a été découverte sur une radiographie de l’abdomen. Il a été tenté de récupérer la pile par endoscopie ce qui s’avéra impossible, la pile étant déjà incrustée dans la paroi gastrique. Elle fut retirée par laparotomie. Lors de l’ouverture de l’estomac, la pile de 10 mm de diamètre avait déjà traversé la paroi gastrique et était au contact de la séreuse, entourée de tissus nécrotiques. La pile d’un diamètre de 10 mm était intacte et le joint entre l’anode et la cathode ne s’était pas ouvert. L’hospitalisation a duré 23 jours, jusqu’à ce qu’une alimentation entérale complète ait pu être reprise.

Les auteurs insistent sur le fait que le courant électrique généré par la pile et/ou la brûlure chimique peuvent ulcérer la paroi gastrique en particulier chez un petit enfant. Tous s’accordent sur le fait qu’un corps étranger œsophagien doit être retiré en urgence, mais les avis divergent sur les corps étrangers gastriques, en particulier les piles-boutons. Les auteurs sont d’avis que celles-ci doivent également être retirées rapidement, (avis que nous partageons).
Le second article sur ce sujet rapporte une expérience similaire: sur 10 enfants ayant ingéré des piles-boutons, 5 ont eu une atteinte sévère des couches musculaires de l’œsophage ou de l’estomac et 2 avaient perforé, l’un d’entre eux jusque dans la trachée entraînant une fistule trachéo-oesophagienne.

Les auteurs insistent sur le fait que les lésions ne sont pas seulement dues aux lésions de décubitus liées à la présence d’un corps étranger, mais bien à la nature des piles-boutons qui doivent être retirées en urgence.

Références complètes:
Severe gastric damage caused by button battery ingestion in a 3-month-old infant.
S Honda , M Shinkai, Y Usui, et al.
J Pediatr Surg 2010; 45(9): e23-e26
Affiliation:  Department of Surgery, Kanagawa Children’s Medical Center, Yokohama, Japon.

Kimball SJ, Park AH, Rollins MD, Grimmer JF, Muntz H
A review of esophageal disc battery ingestions and a protocol for management.
Arch Otolaryngol Head Neck Surg.
 2010; 136(9): 866-871.
Affiliation: University of Utah School of Medicine, Division of Otolaryngology-Head and Neck Surgery, Salt Lake, USA.

Accidents de luge

Les auteurs ont analysé 403 accidents de luge survenus en Ecosse pendant 12 jours de bon enneigement. Il en est résulté 36% de fractures et 29% de trauma crâniens. La plupart de lésions ont été traitées ambulatoirement mais 18% des enfants dû être hospitalisés et 7 % opérés.

La collision avec un objet fixe était la première cause de traumatisme, suivie en fréquence par une position inappropriée du lugeur (sic) ou par l’usage d’un tremplin de saut. Aucun lugeur ne portait de casque.

Les auteurs jugent utile de rappeler aux parents des mesures de sécurité destinées à diminuer les accidents « sans entraver les joies de la luge » (re-sic).

Référence complète:
Sledging is still a seasonal source of serious injury in Scottish children.
Regan LA, Cooper JG.
Scott Med J 2011; 56(4): 188-190.
Affiliation: Emergency Department, Aberdeen Royal Infirmary, Aberdeen AB25 2ZN, Scotland, UK.

Des casques pour skier: utilisation, tendances et attitudes

Cet article provenant d’Australie nous intéresse car les réponses qu’il apporte nous concernent.

Les auteurs rappellent que le port du casque dans les sports de glisse (ski, snowboard) réduit de façon incontestable le nombre des traumas crâniens de 16 à 30% selon les études. L’US Consumer Product Safety Commission est arrivé à la conclusion que 44% des lésions crâniennes adultes et 53% des pédiatriques survenues à ski auraient pu être évitées. Alors porte-t-on le casque, si oui pourquoi et si non avec quels arguments ?

En Australie, 16% des adultes et 67 % des enfants portent un casque lors de sports de glisse. Entre 2003 et 2008 l’augmentation du port du casque a été particulièrement importante. Quand l’habitude de port du casque est prise il est porté régulièrement (86% de port régulier sans différence dans les groupes). Entre 2003 et 2008 l’accroissement le plus spectaculaire du port du casque concerne les enfants. Les enfants, les hommes et les snowboarders sont nettement plus enclins à porter un casque que les autres groupes étudiés.

La probabilité de porter un casque est 2.3 fois plus élevée chez un enfant que chez un adulte, 1.7 fois plus élevée chez un homme que chez une femme, et 1,5 fois plus élevé chez un   que chez un skieur. Les facteurs incitatifs au port du casque sont l’expérience, un antécédent d’accident, les écoles de ski et les locations de matériel. Les modèles les plus appréciés sont les casques freestyle chez les enfants et les modèles standards adultes chez ces derniers.

Parmi les raisons données par les enfants pour porter un casque on relève par ordre décroissant (ces raisons diffèrent de celles des adultes): mes parents m’y obligent, je ne veux pas qu’il m’arrive quelque chose, le casque me tient la tête au chaud, il tient mieux mes grosses lunettes, mes copains en portent. A l’inverse, parmi les raisons de ne pas en porter on note (ces raisons diffèrent de celles des adultes): le casque n’est pas obligatoire, ce n’est pas confortable, je ne vais que sur des pistes faciles pour débutants, je n’aime pas le look des casques, je skie bien et ne risque pas pour ma tête, personne dans ma famille/copains n’en porte.

Les auteurs comparent leurs résultats à ceux antérieurs publiés dans l’hémisphère nord et ne constatent pas de grandes différences. Les auteurs rappellent que les arguments des détracteurs du port du casque dans les sports de glisse (diminution de l’audition et du champ de vision, augmentation des comportements à risque liée à la plus grande sensation de sécurité, lésions potentielles de la colonne cervicale des enfants) ont été largement récusés par au moins  6 article récents bien conduits.

Ils mettent en évidence les mesures fortement incitatives comme l’exemple donné par les instructeurs et les patrouilleurs en portant le casque dans les écoles de ski. Ils posent la question politique de savoir si le port du caque doit être rendu obligatoire(pour mémoire, l’Australie a été un pays pionnier dans le port obligatoire du casque a vélo).

Référence complète:
Cundy TP, Systermans BJ, Cundy WJ, Cundy PJ, Briggs NE, Robinson JB
Helmets for snow sports: prevalence, trends, predictors and attitudes to use.
J Trauma 2010; 69(6): 1486-1490
Affiliation: University of Adelaide, South Australia

Revue systématique des accidents de Hockey sur glace chez les jeunes

Cet article essaye de déterminer sur la base d’une importante méta-analyse, s’il est possible d’identifier des facteurs de risques spécifiques à la pratique du hockey sur glace chez les enfants et les adolescents. Etant donné qu’il s’agit d’un sport fréquemment pratiqué en Suisse les résultats nous ont intéressés.

Aucun des paramètres étudiés (âge, niveau d’expérience, position de jeu) constitue un risque particulier sauf le body checking qui est clairement lié à un risque accidentel augmenté.

Les auteurs recommandent des directives visant à interdire sa pratique dans les entraînements et les compétitions juniors.

Reférence complète :
Risk factors for injury and severe injury in youth ice hockey: a systematic review of the literature.
Emery CA, Hagel B, Decloe M, Carly M.
Inj. Prev. 2010; 16(2): 113-8.
Affiliation: University of Calgary, Canada.